Poeme Amour
  
    
    A qui donc sommes-nous 
     
    
    
  
    A qui donc sommes-nous ? Qui nous a ? qui nous mène ?  Vautour fatalité, tiens-tu la race humaine ?  Oh ! parlez, cieux vermeils,  L'âme sans fond tient-elle aux étoiles sans nombre ?  Chaque rayon d'en haut est-il un fil de l'ombre  Liant l'homme aux soleils ? 
  Est-ce qu'en nos esprits, que l'ombre a pour repaires,  Nous allons voir rentrer les songes de nos pères ?  Destin, lugubre assaut !  O vivants, serions-nous l'objet d'une dispute ?  L'un veut-il notre gloire, et l'autre notre chute ?  Combien sont-ils là-haut ? 
  Jadis, au fond du ciel, aux yeux du mage sombre,  Deux joueurs effrayants apparaissaient dans l'ombre.  Qui craindre? qui prier ?  Les Manès frissonnants, les pâles Zoroastres  Voyaient deux grandes mains qui déplaçaient les astres  Sur le noir échiquier. 
  Songe horrible! le bien, le mal, de cette voûte  Pendent-ils sur nos fronts ? Dieu, tire-moi du doute!  O sphinx, dis-moi le mot !  Cet affreux rêve pèse à nos yeux qui sommeillent,  Noirs vivants! heureux ceux qui tout à coup s'éveillent  Et meurent en sursaut !  
    
 
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