| | Poeme Amour 
 A ma fille Adèle
 
 
 
 Tout enfant, tu dormais près de moi, rose et fraîche,
 Comme un petit Jésus assoupi dans sa crèche ;
 Ton pur sommeil était si calme et si charmant
 Que tu n'entendais pas l'oiseau chanter dans l'ombre ;
 Moi, pensif, j'aspirais toute la douceur sombre
 Du mystérieux firmament.
 
 Et j'écoutais voler sur ta tête les anges ;
 Et je te regardais dormir ; et sur tes langes
 J'effeuillais des jasmins et des oeillets sans bruit ;
 Et je priais, veillant sur tes paupières closes ;
 Et mes yeux se mouillaient de pleurs, songeant aux choses
 Qui nous attendent dans la nuit.
 
 Un jour mon tour viendra de dormir ; et ma couche,
 Faite d'ombre, sera si morne et si farouche
 Que je n'entendrai pas non plus chanter l'oiseau ;
 Et la nuit sera noire ; alors, ô ma colombe,
 Larmes, prière et fleurs, tu rendras à ma tombe
 Ce que j'ai fait pour ton berceau.
 
 
 
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